Vénus et Adonis au Grand Théâtre

© Philippe Delval

C’est à un nouveau voyage lyrique «merveilleux» que nous invite Louise Moaty! On se rappellera les précédents «voyages dans le temps de l’opéra» — Il Sant’Alessio de Landi, Cadmus et Hermione de Lully, Rinaldo de Haendel — dont Benjamin Lazar et elle-même ont été, saison après saison, les guides inspirés.
Cette fois, avec le Vénus et Adonis de John Blow, il s’agira de revivre, à la fois telle quelle et dramaturgiquement nourrie de tout notre savoir lyrique accumulé, une représentation du début des années 1680 à la cour de Charles II, roi d’Angleterre.
Dans ce qui s’impose bien comme le premier opéra anglais — et dont s’inspirera très clairement Purcell cinq ans plus tard pour son Didon et Énée —, une belle histoire d’amour, celle de Vénus et Adonis, va connaître une conclusion tragique: la mort du bel amant!
Quelle intensité dramatique dans Vénus et Adonis: nous sommes emportés inexorablement jusqu’à la fin brutale du jeune chasseur revenu mourir auprès de son amante, jusqu’aux sublimes lamentations de la déesse éplorée. Mais cette densité tragique n’empêche pas l’oeuvre de garder toute la spontanéité d’un «Masque pour le divertissement du roi», une naïveté de ton, une simplicité dans la narration qui donnent l’impression de voir l’histoire s’inventer sous nos yeux.
De même, si l’opéra se présente sous la forme d’une mini-tragédie en musique à la Lully, avec ouverture à la française, prologue pastoral, pièces de danse, on retrouve dans la partition et particulièrement dans les interventions des chasseurs au premier acte ou la leçon de Cupidon, l’héritage de la musique anglaise du XVIe siècle, aux harmonies parfois plus crues. En guise de prémisse à l’opéra, la magnifique Ode à Sainte Cécile — Begin the Song (1684) — ouvrira la représentation: «Begin the song!… Tune the Voice and tune the Flute…This is music’s sacred jubilee». À la lumière des bougies, face au public, la musique sera célébrée en paroles, en gestes et en danse…
L’OEUVRE
Vénus et Adonis est une commande passée à John Blow alors compositeur de la Chapelle Royale. Créé vers 1683, l’opéra a été composé uniquement pour la cour de Charles II pour son divertissement privé. L’oeuvre de John Blow relate le mythe de Vénus et Adonis tel qu’évoqué dans les Métamorphoses d’Ovide (Livre X) ou dans le poème de Shakespeare, Venus and Adonis. La création de cet opéra s’inscrit à la suite d’un contexte historique et culturel perturbé. En effet,  l’Angleterre au XVIIe siècle connaît de nombreux bouleversements, notamment religieux, qui prennent leur source dès le XVIe siècle avec l’Acte de Suprématie
(1534) édicté par Henry VIII qui signe la rupture de l’Angleterre avec le pouvoir papal et fait du roi d’Angleterre le chef suprême de l’Église d’Angleterre.
Aux conflits religieux s’ajoutent à partir de 1641 des problèmes d’ordre politique. En 1649, les parlementaires font décapiter le roi Charles 1er et instaurent la République dont le très puritain Cromwell prend la tête. Cromwell entend purifier l’Angleterre du catholicisme et interdit toute forme de musique religieuse. La monarchie est restaurée en 1660 avec Charles II qui, comme toujours après une période troublée, va insuffler une nouvelle effervescence culturelle notamment en développant la musique et créer une cour éprise de plaisirs mondains tels qu’il les a connus à Versailles, à la cour de Louis XIV, pendant l’exil qui précéda son
accession au trône d’Angleterre. L’opéra peut enfin s’installer en Angleterre. Il s’inspirera notamment de la tragédie lyrique à la Lully – ouverture à la française,
prologue, pastorale, scènes de danse – et fera de Vénus et Adonis le premier opéra anglais. Quelques années plus tard naîtra le chef-d’oeuvre de Purcell, Didon et Énée.

Masque pour le divertissement du Roi en trois actes avec prologue
Créé vers 1683 / En anglais avec surtitres en allemand & français
9 & 10 novembre 2012 à 20h00 au Grand Théâtre de Luxembourg
Durée: 1h30 (pas d’entracte)
Introduction à l’opéra par Monsieur Jérôme Wigny une 1/2 heure avant chaque représentation
(en français)
Grand Théâtre
1, Rond-point Schuman
L-2525 Luxembourg
www.theatres.lu
Réservations sous Luxembourg Ticket.lu, c/o Grand Théâtre de Luxembourg, 1, Rond-point
Schuman, L-2525 Luxembourg, tél.: + 352/47 08 95-1 (6 lignes), fax: +352/47 08 95 95 du lundi au
vendredi de 10h00 à 18h30 ou via Internet www.luxembourgticket.lu.

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